La COP27 s’est conclue le lundi 21 novembre à Sharm el-Sheikh, en Égypte. Le Centre québécois du droit de l’environnement, représenté par Sylvain Gaudreault, membre du conseil d’administration, a eu l’occasion de suivre avec grande attention les avancées et les conclusions de ces négociations internationales. Notre bilan des deux dernières semaines: des avancées nécessaires mais insuffisantes, et un lobby industriel trop présent.

 

La COP de la justice climatique

Aux côtés de nombreux partenaires, le CQDE souhaitait voir le Québec jouer un rôle actif sur la question de la justice climatique. Ainsi, le CQDE a insisté tout au long des négociations pour que le ministre de l’Environnement du Québec exerce un leadership positif (à défaut d’avoir également pu compter sur la présence du premier ministre au sommet, dont l’absence est déplorable). 

Bonne nouvelle: le sujet est bien mis à l’agenda politique et les négociations ont mené à la création historique d’un fonds sur les pertes et dommages créés par la crise climatique.

Qu’est-ce que le fonds sur les pertes et dommages?

Ce fonds a pour objectif d’inciter les pays du Nord, principaux responsables de la crise climatique, à assumer leurs  responsabilités. Comme les pays du Sud sont ceux qui doivent principalement subir les conséquences du dérèglement climatique, les pays du Nord ont une « dette climatique » envers eux. Reconnaître l’urgence de déployer de nouveaux moyens financiers pour soutenir ces pays, comme l’a fait le Canada très tôt dans les négociations, est une avancée. Toutefois, nous restons maintenant attentif⋅ves aux montants alloués à ce fonds, qui n’ont pour l’instant pas encore été déterminés, et qui devront être suffisamment conséquents pour assurer un véritable soutien aux communautés et pays vulnérables déjà affectés par la crise climatique.

Présentes à la COP, absentes des textes: les énergies fossiles

Comme nous l’avons déploré en co-signant cette lettre ouverte portant sur la présence d’entreprises pétrolières, gazières et de pétrochimie au pavillon officiel du Canada à l’invitation de ce dernier, les industries qui alimentent la crise climatique et qui font obstacle à la mise en place de véritables solutions devraient d’abord faire preuve d’exemplarité dans leurs actions, avant de tenter de se positionner publiquement comme solution aux crises environnementales.

En plus d’avoir octroyé une plateforme officielle aux entreprises du secteur des énergies fossiles dans le cadre de ce sommet, le gouvernement du Canada a été parmi les derniers pays à appuyer l’inclusion d’un langage plus fort sur les énergies fossiles comme l’une des causes de la crise climatique dans le texte. Le CQDE déplore vivement cette position et exhorte le Canada à agir de manière cohérente avec ses obligations internationales et domestiques, y compris en ne soutenant d’aucune façon l’écoblanchiment et en mettant fin aux subventions fédérales au secteur des combustibles fossiles. Le Québec, qui s’est doté d’une loi pour mettre fin à l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures en 2022, peut et doit jouer un rôle de leader en ce sens, notamment dans le cadre de la Beyond Oil & Gas Alliance.

Cap sur la COP15 maintenant! 

Le texte de la décision ne fait pas mention de la Convention sur la diversité biologique (COP15) qui se tiendra à Montréal en décembre prochain et qui vise à établir un programme ambitieux de protection de la nature pour la prochaine décennie. Pourtant, crise climatique et crise de la biodiversité sont intimement liées et l’une ne peut être résolue sans l’autre. En décembre, lors de la COP15 qui se tiendra cette fois-ci à Montréal, tant le fédéral que le provincial auront une opportunité à saisir pour poser des gestes forts pour la protection du territoire et de la biodiversité. Nous y serons! 

En amont de cet événement majeur, nous vous invitons à cette conférence gratuite, intitulée « Protéger la biodiversité par le droit » donnée par notre équipe et notre Clinique juridique pour mieux comprendre les outils juridiques existants et l’importance des demandes formulées afin d’améliorer la protection de la biodiversité.

 

« Ce fut un honneur de représenter le CQDE à la COP27. La justice climatique étant au coeur des discussions à Sharm el-Sheikh et l’expertise du CQDE en cette matière étant reconnue au Québec, j’ai ainsi pu contribuer, avec d’autres groupes présents, à influencer les décideurs afin que la justice climatique s’incarne concrètement tant au Québec, au Canada que dans la mise en oeuvre de l’Accord de Paris. En ce sens, l’entente sur la création d’un fonds sur les pertes et dommages est un pas dans la bonne direction mais il faudra aller plus loin d’ici la COP28. Le CQDE continuera de militer pour que le Québec et le Canada affirment un leadership encore plus fort en ce domaine » – Sylvain Gaudreault, membre du conseil d’administration du CQDE.